Depuis de nombreuses années, le FCAT réserve une place particulière à la littérature dans ses « activités parallèles », notamment avec le projet « Entre les lignes », qui consiste en des lectures de textes littéraires africains dans les rues de Tarifa. Cette année, nous avons voulu donner une place centrale à la littérature, en abordant sa relation étroite avec le cinéma, à travers une rétrospective de seize titres produits entre les années 1960 et 2015.
Un voyage subjectif à travers l’histoire de l’adaptation et du cinéma en Afrique, qui commence en Égypte avec Mort parmi les vivants (Abu Seif, 1960), adaptation d’un roman du prix Nobel Naguib Mahfouz, figure emblématique du nouveau roman arabe qui a ouvert la voie à un cinéma réaliste et socialement engagé en Égypte.
En Afrique subsaharienne, l’adaptation d’œuvres littéraires a également émergé en même temps que le cinéma africain et les indépendances. Le pionnier Ousmane Sembène a adapté ses propres romans, comme Le Mandat (1968, dont nous présentons la version récemment restaurée), conscient que, dans un pays comme le Sénégal où la population était largement analphabète, le cinéma était une arme bien plus efficace pour décoloniser les esprits.
Dans une perspective d’affirmation identitaire et de critique du colonialisme, de nombreux cinéastes ouest-africains se sont tournés vers la tradition orale, les mythes et légendes, et l’histoire africaine précoloniale. En 1986, Med Hondo a porté à l’écran Sarraounia d’Abdoulaye Mamani, un roman inspiré de la reine Sarraounia, qui a résisté aux avancées des expansionnistes français. Avec Sia, le rêve du Python (2001), Dani Kouyaté a adapté une pièce de Moussa Diagana, sorte de synthèse entre mythe et histoire.
Le cinéma et la littérature sont deux expressions aux langages très différents, et le talent du cinéaste ne réside pas dans une transcription fidèle de la pièce littéraire qu’il adapte, mais dans sa capacité à en transmettre sa propre vision et de créer une œuvre totalement originale et personnelle. C’est ce qu’a fait Djibril Diop Mambéty lorsqu’il a transposé dans sa ville natale, Colobane, La Visite de la vieille dame de l’écrivain suisse Fridriech Dürenmatt, pour créer une satire sur le thème de la vengeance et de la corruption (Hyènes, 1992). Le cinéaste angolais Mariano Bartolomeu a également exploré de manière magistrale la question de la domestication, en adaptant respectivement des histoires d’Hemingway et du Japonais Kenzaburô Oe dans ses courts métrages Un lugar limpio y bien iluminado (1991) et Quem faz correr o Quim (1991), qu’il a transposés respectivement dans les contextes cubain et angolais.
Nous avons voulu rendre hommage à l’Algérie, qui fête cette année les soixante ans de son indépendance, et où de nombreux écrivains se sont engagés dans le cinéma. C’est le cas d’Assia Djebar qui, avec la collaboration du poète Malek Alloula, a réalisé La Zerda ou les chants de l’oubli (1983), dans lequel elle entreprend de déconstruire l’image de l’Algérie coloniale en récupérant les voix méprisées et en se réappropriant les traditions. Dans Tahia ya Didou (1971), c’est l’écrivain Himoud Brahimi qui a coécrit le scénario avec Mohamed Zinet, pour offrir l’un des portraits les plus multiformes et singuliers d’Alger, loin de l’image de carte postale et de l’orientalisme. Plus récemment, Maintenant ils peuvent venir (Salim Barhimi, 2015), adapté du roman d’Arezki Mellal, est une chronique des années noires en Algérie.
Nous avons également voulu explorer l’intérêt des cinéastes étrangers pour la littérature africaine à travers deux adaptations de deux des auteurs les plus importants du continent. Terra Sonâmbula (2007), une adaptation par la Portugaise Teresa Prata de l’œuvre de l’écrivain mozambicain Mia Couto, et Disgrace (2008), une adaptation par l’Australien Steve Jacobs du roman du Prix Nobel J.M. Coetzee.
Au cours d’une table ronde qui accompagne cette sélection, des écrivains, des réalisateurs et des universitaires africains dialoguent et réfléchissent sur les liens entre le cinéma et la littérature, l’adaptation en Afrique, la capacité du cinéma, en tant que forme d’art populaire par excellence, à servir de passerelle vers la littérature, et à l’inverse, les possibilités de la littérature comme source d’inspiration pour une nouvelle génération de cinéastes.
Entre l’Encre et l’Écran
BIDAYA WA NIHAYA
Entre l’Encre et l’Écran
MANDA-BI
Entre l’Encre et l’Écran
TAHIA YA DIDOU!
Entre l’Encre et l’Écran
LA ZERDA OU LES CHANTS DE L’OUBLI
Entre l’Encre et l’Écran
SARRAOUNIA
Entre l’Encre et l’Écran
UN LUGAR LIMPIO Y BIEN ILUMINADO
Entre l’Encre et l’Écran
QUEM FAZ CORRER O QUIM?
Entre l’Encre et l’Écran
GUELWAAR
Entre l’Encre et l’Écran
HYÈNES
Entre l’Encre et l’Écran
FOOLS
Entre l’Encre et l’Écran
SIA, LE RÊVE DU PYTHON
Entre l’Encre et l’Écran
TERRA SONÂMBULA
Entre l’Encre et l’Écran
DISGRACE
Entre l’Encre et l’Écran
L’ARMÉE DU SALUT
Entre l’Encre et l’Écran
TIMBUKTU, LE CHAGRIN DES OISEAUX
Entre l’Encre et l’Écran
MAINTENANT ILS PEUVENT VENIR