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24 MAYO
01 JUNIO

2024

Le Festival de Cine Africain – FCAT débute pour la première fois à Tanger lors de l’édition du 20e anniversaire du festival

La réalisatrice tunisienne Erige Sehiri présente le film inaugural, ‘Sous les figues’, lors d’un gala au cinéma restauré Alcazar à la ville marocaine

Tanger, 28 avril 2023. Pour la première fois, le Festival de Cine Africain de Tarifa-Tanger inaugure une édition dans la ville située à l’autre côté du Détroit, sur la rive marocaine. Récemment restauré, le cinéma Alcazar, un bâtiment emblématique de l’époque du Protectorat Espagnol dans la ville marocaine, a accueilli un gala auquel l’Instituto Cervantes de Tanger a collaboré avec le soutien de l’Ambassade d’Espagne au Maroc et de la FRS.

Les maires de Tarifa, Francisco Ruiz Giráldez, et de Tanger, Mohammed Bachir ElAbdellaoui, ont présidé une cérémonie au cours de laquelle on a parlé espagnol et darija et qui a été accueillie par les Dakka Marrakchia de Tanger avec leur musique berbère populaire. L’événement, précédé de musique et d’un thé avec des gâteaux marocains, s’est déroulé en présence du directeur de l’Instituto Cervantes de Tanger, l’écrivain Javier Rioyo et de l’attaché culturel de l’Ambassade d’Espagne au Maroc, José María Dayó.

Selon le maire de Tarifa, Ruiz Giráldez, « le FCAT travaille depuis 20 ans à forger un dialogue culturel entre les deux continents, tout comme la relation historique entre le nord du Maroc et le sud de la péninsule Ibérique. Le festival revendique le détroit de Gibraltar comme un lien qui unit et pas comme une mer qui sépare ».

L’actrice grenadine-tangéroise Romina Sanchez a été la maîtresse de cérémonie au cours d’un gala à entrée gratuite jusqu’à épuisement des places. La chanteuse tangéroise Mouna Diaj, accompagnée du guitariste Mounir Tkako, a assuré la musique de cette soirée historique du FCAT.

À la fin de la cérémonie, la directrice du FCAT, Mane Cisneros, a présenté la réalisatrice tunisienne Erige Sehiri, réalisatrice du film qui ouvre le FCAT 2023, Sous les figues. Ce film a également été présenté au public à Tarifa le vendredi soir au théâtre Alameda par la programmatrice Marion Berger.

Ce film, qui est le premier long-métrage de fiction de Sehiri, a été la contribution tunisienne aux Oscars dans la catégorie du meilleur film international. Il en va de même pour Alcarrás, de Carla Simón, un film avec lequel Sous les figues présente de nombreuses similitudes, non seulement dans l’histoire qu’il raconte, mais aussi dans l’atmosphère, le traitement et la manière dont il est tourné avec des acteurs et des actrices non-professionnels.

L’histoire se concentre sur les flirts d’un groupe de jeunes gens, principalement des femmes, alors qu’ils récoltent des figues, un fruit qui sert de métaphore dans le film, avec une vitalité qui surpasse les conditions d’exploitation auxquelles ils sont soumis. Dans le film, les personnages féminins parlent de leur relation avec les hommes et du désir, d’une manière inhabituelle dans les films arabes. Ces femmes expriment les nuances entre les différents degrés de liberté des Tunisiennes, par exemple, dans la façon de porter le foulard, face à des hommes plutôt perdus et frustrés.

Sous les figues a remporté plusieurs prix de postproduction au Festival du film de Venice (Final Cut in Venice), puis a été sélectionné pour la 54e Quinzaine des réalisateurs à Cannes 2022.

« Je voulais donner un visage à ces travailleuses, qui sont normalement invisibles », raconte la réalisatrice à propos d’une histoire née de sa rencontre fortuite avec une femme rurale tunisienne du nom Fidé. « Alors, j’ai commencé à écrire en écoutant L’Estaca, une chanson de protestation née sous le régime franquiste [de Lluís Llach]. Dans sa version arabe-tunisienne, celle de Yesser Jradi, c’est une chanson sur le travail, l’amour et la liberté, que j’ai naturellement choisie comme musique pour le générique du film », raconte la réalisatrice.

« C’est en fait une fleur et non un fruit », explique à propos des figues, « et nous ne mangeons que les figues des femelles. Si l’on ne fait pas attention, le lait qui s’écoule du pédoncule peut brûler les doigts. Il faut donc faire très attention quand on la cueille. C’est aussi un fruit très sensuel, fragile, mais avec des feuilles fortes, tout comme les personnages du film. Les figuiers sont de très beaux arbres. En été, il fait très chaud dans cette région et on peut se réfugier sous eux : ils offrent un abri, un répit. Ils nous enveloppent mais nous étouffent aussi un peu. Je voulais construire visuellement l’idée que ces filles sont également étouffées dans leurs vies nécessairement étroites en raison d’un manque d’opportunités et d’un entourage familial conservateur ».

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