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La rumba congolaise et la nouvelle star du cinéma d’auteur, Lemohang Jeremiah Mosese, captivent à Tarifa

Le documentaire ‘The rumba Kings’ a été projeté en plein air dans le quartier du Moral de Tarifa avec la présence de son réalisateur, Alan Brain

Le réalisateur lésothien Lemohang discuté sur son cinéma avec Javier H. Estrada sous l’Arbre des Paroles

Tarifa, 1er  juin 2022. Réflexion, cinéma africain d’avant-garde, des films en compétition et hors compétition, en plus des projections dans le centre historique de Tarifa composent ce mercredi, la sixième journée du 19e Festival du Cinéma Africain-FCAT. L’espace de l’Arbre des Paroles a programmé deux séance le matin où la discussion et la pensée critique ont servi pour analyser la décolonisation ainsi que le grand cinéma d’auteur actuel.

Lors de la première rencontre thématique, avec la  participation du Centre des Initiatives Culturelles de l’Université de Séville (CICUS), on a réfléchi à propos de Décoloniser le regard. Le cinéma et la création contemporaine. Le débat a été formé par Rafael Rodríguez  Il y a eu beaucoup d’autocritique, tant sur la manière dont l’Occident adoucit son regard sur l’Afrique que sur la nécessité pour les Africains de se décoloniser dans une société où le pouvoir total est entre les mains du marché. On a aussi fait allusion aux colonialismes en vigueur sur le continent voisin, qui continuent à nuire et à piller l’Afrique n’importe l’origine.

Ensuite, le réalisateur qui a mis le Lesotho sur la carte pour de nombreux cinéphiles, Lemohang Jeremiah Mosese, a donné un cours magistral avec Javier Estrada au Liceo Tarifeño. Artiste visuel et d’avant-garde cinématographique du continent, il est l’auteur de films qui ont marqué les dernières éditions du FCAT et d’autres festivals, tels que Mother, I Am Suffocating. This Is My Last Film About You (2019) ou This Is Not a Burial, It’s a Resurrection (2021), qui ressemblent plus à un verset qu’au titre d’un film.

Lemohang, l’un des cinéastes « les plus stimulants » de la scène internationale selon les mots de Javier H. Estrada, a fait un voyage vers ses origines cinématographiques, qui ont commencé par le son, avant l’image, dans son petit village du Lesotho, où il écoutait de l’extérieur avant de voir les images. « Cela a forgé mon imagination », a-t-il avoué à Tarifa, tandis qu’Estrada a relié l’anecdote aux débuts dans le cinéma, également par le son, du grand maître sénégalais Djibryl Diop Mambèty.

L’auteur, basé à Berlin, a évoqué le besoin de « vomir » ses sentiments sur le papier lorsqu’il écrit les scénarios de ses films, ainsi que le « sentiment constant de perte » avec lequel il vit. Il a également déclaré qu’il a dû « déterrer » de nombreuses choses apprises pour arriver à la graine de son cinéma d’aujourd’hui, aux « paraboles » qu’il écrit pour l’écran.

 

Les films du mercredi

Ce mercredi a sonné comme une rumba congolaise. Le réalisateur Alan Brain est venu à Tarifa pour accompagner son documentaire The Rumba Kings. À midi, il a parlé de son film avec Pablo de María et le public à l’Apéritif du cinéma et le soir, il y a eu une projection spéciale dans la rue et en plein air dans le quartier du Moral de Tarifa avec la présence de Brain.

La musique avec laquelle la République démocratique du Congo a forgé son identité est capturée dans ce documentaire qui se penche sur les origines de la fusion des rythmes traditionnels africains avec la musique afro-cubaine, les coupables du rythme électrisant de la rumba congolaise, il peut être regardé sur la plateforme du FCAT, Filmin. 

« Il y a un fort processus d’émancipation culturelle généré par la rumba congolaise », a déclaré Alan Brain, le réalisateur de The Rumba Kings, lors de l’Apéro du cinéma consacré au film. Il s’agit d’un documentaire « joyeux et agréable », selon le cinéaste, « malgré les l’énorme fond  colonial » que l’œuvre dégage. Alan Brain a voulu « rendre au Congo ce qui lui appartient », à travers une œuvre où l’humour et la complicité sont au rendez-vous. La rumba congolaise a d’ailleurs été déclarée Patrimoine Culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2021. « C’est un film à regarder debout plutôt qu’assis », a conclu le réalisateur, qui a invité tout le public à danser pendant la projection en plein air.

D’autre part, Freda (Bénin, Haïti, 2021) se déroule à Haïti autour d’une famille qui survit grâce à une petite épicerie. Face à la précarité et à la violence quotidienne, chacun essaie à sa manière d’échapper à cette situation. Prêts à renoncer à leur propre bonheur. Comme Freda, le personnage principal, qui décide de parier sur l’avenir de son pays. Son producteur, Faissol Gnonlonfin, accompagnera le film dès demain.

L’église Santa Maria a accueilli l’une des projections spéciales du FCAT, Jean Genêt, Notre-Père-Desfleurs, le dernier film posthume et inédit de Dalila Ennadre, décédée en 2020 pendant le montage du film. « Sous l’ombre bienveillante de Jean Genet, enterré au Maroc, ce film est un dialogue entre les vivants et les morts, une invitation à unir les mondes, entre une sourde révolte humaniste et une élégie poétique », selon les mots laissés à la postérité par la réalisatrice.

Enfin, après être passé par les festivals de Séville et de Rotterdam, Black Medusa, arrive à Tarifa, un film basé sur « une Tunisie qui aurait très bien pu être filmée par Jarmusch », selon la description de Filmin. Il s’agit d’un film viscéral, sinistre et glaçant, avec toutes les caractéristiques d’un film noir. Son réalisateur, Ismael, a eu l’occasion de le présenter et d’en parler à Tarifa.

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