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24 MAYO
01 JUNIO

2024

Parité entre réalisateurs et réalisatrices africains dans la sélection officielle du Festival de Cinéma Africain de Tarifa-Tanger

Cette édition 2019 présentera une large rétrospective du cinéma africain-américain. Les récits de combats de femmes africaines seront au cœur de la sélection en compétition.

L’artiste féministe Zainab Fasiki présentera notamment son exposition ‘Hashouma’ autour des tabous de la société marocaine à l’égard de la femme

La 16èmeédition duFestival de Cinéma Africain de Tarifa-Tanger (FCAT) se déroulera de part et d’autre du détroit de Gibraltar, du 25 avril au 4 mai, simultanément dans deux villes et deux continents. Sa programmation met en avant le cinéma afro-américain, le féminisme et l’activisme politique : « Une programmation qui fait honneur à la richesse et à la diversité des cinémas d’Afrique et à sa diaspora », déclare Mane Cisneros, directrice du festival.    

Le FCAT est l’unique festival transfrontalier ayant lieu simultanément en Espagne et au Maroc.

À Tanger, le FCAT multipliera les espaces de projection. L’Institut Cervantes ouvrira ainsi les portes de sa salle d’exposition au cinéma ; le festival a également prévu des projections en plein air dans des quartiers populaires, ainsi que dans des écoles, lycées, associations et ONG de trois villes : Tanger, Tétouan et Chefchaouen. Le cinéma sortira ainsi des salles obscures pour offrir aux habitants tangérois des projections nocturnes en plein air.  « Une expérience enrichissante pour un festival qui n’est jamais resté les bras croisés face aux difficultés », explique la directrice du FCAT.

Pour la première fois dans l’histoire du FCAT, les 14 films en compétition ont été signé par sept réalisateurs et sept réalisatrices issus de dix pays différents. Une parité homme-femme fortuite qui rend compte de l’avancée des femmes cinéastes d’Afrique. Parmi les films en lice pour le prix du meilleur long-métrage de la 16ème édition du FCAT, figurent le drame Sofia de la réalisatrice marocaine Meryem Benm’Barek (prix du meilleur scénario au Festival de Cannes en 2018), le film tunisien Weldi de Mohamed Ben Attia (sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2018), Renault 12 du franco-marocain Mohamed El Khatib, la co-production Éthiopie-Israel Fig Tree de Alamork Davidian et le documentaire égyptien Al Gami’ya de Reem Saleh.

D’autre part, la sélection officielle En bref,consacrée au court-métrage, est composée de 16 films oscillant entre fiction et documentaire et issus de onze pays du continent africain. Ces films proposent un certain regard sur divers sujets : la lutte des femmes, leur présence croissante dans le monde du sport, la mutation de la conception de la masculinité. Le court-métrage sudafricain Belly Flopde Jeremy Collins nous raconte l’histoire d’une petite nageuse.

D’autres thèmes, comme celui du football féminin en Afrique et de la place de la femme dans son pays d’origine ou celui du féminisme noir, abordé par le biais de la littérature, seront au cœur des activités de ce festival. Les dessins de l’illustratrice marocaine Zaineb Fasiki seront exposés à Tarifa pendant le festival et « confirment que dans la 16èmeédition du FCAT la femme occupe un espace d’exception », précise Mane Cisneros.

Le continent américain, invité de cette édition

Le FCAT 2019 accueillera aussi la diversité cinématographique du continent américain. La rétrospective Séances nostalgie – histoires africaines-américainespropose une large sélection de films qui ont façonné l’histoire du cinéma afro-américain. Parmi les titres projetés, le public du détroit de Gibraltar découvrira entre autres les films des pionniers qui ont pris la caméra pour dénoncer les clichés racistes d’Hollywood ainsi que le dernier opus de Spike Lee, BlacKkKlansman(2018).

Conçue par Keith Shiri, programmateur du London Film Festival, cette section rassemblera 14 titres ayant pour but de mettre en lumière l’importance du cinéma afro-américain : depuis les racial filmsde l’époque du cinéma muet, jusqu’à l’ère de la ségrégation raciale aux État-Unis, le mouvement Blaxplotation, le cinéma de Gordon Parks Jr. ou d’auteurs contemporains comme Spike Lee, Julie Dash, Kasi Lemmons ou Marlon Riggs.

Le succès de stars comme Denzel Washington, Idris Elba ou Omar Sy, ainsi que l’irruption de Steve McQueen aux Oscars en 2014, ont facilité le développement d’un public transnational, composé en majorité de jeunes d’origine africaine de plus en plus conscients et désireux de se voir représentés par des acteurs noirs assumant des rôles importants.

Cinq films feront partie de la section La Troisième Racine: des créations réalisées par des cinéastes d’origine latino-africaine et portant sur les problématiques des communautés noires de plusieurs pays d’Amérique Latine. Dans le cadre de « la Décennie internationale des personnes de descendance africaine en Amérique Latine et dans le monde entier », déclarée par l’Organisation des Nations Unies en 2015, le FCAT renforce un nouvel axe de travail centré sur l’afro-descendance en Amérique Latine.

Cette nouvelle approche permettra au festival d’évaluer à travers le cinéma le degré de visibilité des Noirs sur un continent où la population d’ascendance africaine atteint les 200 millions de personnes (sur un total de 625 millions de latino-américains).Cette année, le FCAT se centrera sur trois pays choisis selon deux critères : l’intérêt de la production cinématographique nationale et le taux d’ascendance africaine au sein de la population. La sélection présentera donc cinq longs-métrages de fiction issus de Colombie, du Mexique et de République Dominicaine.

Hshouma de Zainab Fasiki

L’artiste marocaine Zainab Fasiki présentera à Tarifa l’exposition Hshouma.Ce projet a été développé durant El Ranchito, un programme de résidences artistiques qui s’est tenu au Matadero (Madrid) en juin 2018, et en collaboration avec le Queens Collective de Marrakech. Le mot hshouma, issu d’un dialecte marocain, désigne un tabou, un sujet qui ne doit pas être évoquer avec les autres. Dans ce pays, les tabous liés aux différents aspects de la société empêchent toute possibilité d’aborder certains sujets concrets, que ce soit en famille ou à l’école. Le manque de communication sur ces questions entraîne de nombreux problèmes sociaux, comme l’acquisition de connaissances erronées sur des thèmes essentiels qui requièrent l’intervention de professionnels dans le secteur de l’éducation.

Les illustrations que l’artiste présente à Tarifa montrent plusieurs des tabous les plus enracinés dans la société marocaine : l’éducation sexuelle, l’égalité des genres, le corps, la violence, la discrimination et la liberté.

Âgée seulement de 24 ans, Zainab Fasiki est devenue une figure féministe de référence dans le monde arabe. Sa volonté farouche de diffuser aux quatre coins du monde les diverses difficultés auxquelles sont confrontées les femmes au Maroc lui a permis d’exposer ses œuvres dans de nombreux pays.

 

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